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Participation du secteur privé

 

La participation du secteur privé dans l’aménagement public n'est pas chose nouvelle, bien que l’intensité de sa participation ait varié d’un endroit à l’autre et d’une période à l’autre (Van Melik, Van Aalst, Van Weesep, 2009). Aux États-Unis, la participation du privé dans l’aménagement public est chose commune via par exemple le réaménagement des quartiers d’affaires (Business Improvement District – BID) (Fleury, 2010). Les développeurs immobiliers et les investisseurs, tels que les fonds de pension, les compagnies d’assurance vie et les fonds immobiliers, prennent peu à peu conscience de l’importance de l’espace public et des avantages de ceux-ci ont sur leurs avoirs. En effet, investir dans l’espace public peut améliorer l’attractivité d’un marché et le potentiel locatif des propriétés adjacentes à long terme (Van Melik, Van Aalst, Van Weesep, 2009). L’amélioration des conditions locales d’un site semble une condition gagnante pour attirer des investissements et l’investissement semble agir comme un filet de sureté pour assurer la viabilité économique à long terme d’un territoire urbain. Cette conception est mise en forme sous le terme d’« investissabilité ».

 

Dans le cadre du commerce de détail, Catherine Jackson affirme que l’« investissabilité » d’un lieu est lié à sa capacité à retenir et à attirer des consommateurs (Jackson, 2006). Elle identifie cinq domaines d’intervention cruciaux pour assurer la compétitivité d’un marché local :

 

Améliorer l’espace public assure aux visiteurs une expérience agréable qui les poussera à prolonger leur séjour dans un espace urbain et à répéter les visites.

 

Développer des activités promotionnelles incluant l’accueil d’évènements spéciaux attirera de nouveaux consommateurs.

 

Développer un caractère distinctif et mettre en valeur l’unicité du lieu (créer une ambiance unique) favorisera l’attractivité du site.

 

Faciliter l’accès et réduire la congestion encourageront des visites plus fréquentes.

Finalement, planifier une diversité d’usage dans un lieu urbain en plus du commerce de détail augmentera la vitalité de l’endroit (Jackson, 2006).

 

Il faut ensuite noter que le secteur privé tend à investir là où il peut avoir un retour sur investissement en termes de revenus ou d’image. La participation du privé dans la rénovation urbaine pourrait mener à une différenciation des espaces publics entre ceux qui ont bénéficié de ces nouveaux investissements et ceux ignorés par le secteur privé (Van Melik, Van Aalst, Van Weesep, 2009). En effet, un des effets pervers de la participation du privé dans la rénovation ou l’aménagement de l’espace public est l’augmentation du contrôle et de la surveillance dans ces lieux. Le public doit avant tout être un public de consommateurs et, dans cette mesure, certaines méthodes peuvent être mises en place (contrôle des accès, surveillance par caméras et par des gardes de sécurité, stratégies architecturales/urbanistiques) pour limiter l’accès, voire exclure certains groupes d’usagers « non désirable » (Van Melik, Van Aalst, Van Weesep, 2009). Ces instruments de contrôle sont généralement conçus de manière à faire sentir à certains groupes d’usager qu’ils ne sont pas les bienvenues sur un site donné, ce qui se traduit par une forme d’exclusion sociale (Deboosere et Dessouroux, 2013). Il n’y a toutefois pas de consensus au sein des différents chercheurs qui se sont penchés sur la question (Van Melik, Van Aalst, Van Weesep, 2009).

 

La participation du privé pourrait aussi amener un nombre plus important d’acteurs à la table de décision, ce qui pourrait rendre le processus décisionnel plus long et complexe. Cela s'explique par le fait que cet ajout d’acteurs peut amener le besoin de faire davantage de compromis, ce qui peut parfois même nuire à la qualité du projet. D’un autre côté, la participation du privé pourrait aussi résulter en une meilleure cohérence entre l’espace public et les propriétés privés adjacentes. De plus, selon Van Melik, Van Aalst et Van Weesep, si les projets de redéveloppement prennent davantage de temps à être mis en œuvre, la raison est plutôt due à une augmentation de la régulation et d’une société urbaine de plus en plus complexe.

source : Easy Investments

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