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Placemaking

 

Fortement influencées par l’urbanisme fonctionnaliste proposé par les CIAM, les villes subissent d’imposants changements urbains au 20e siècle. Cependant, au tournant des années 60, les premières critiques apparaissent et celles-ci dénoncent un urbanisme uniquement basé sur les fonctions et l’efficacité de la ville, comme si celle-ci n’était qu’une machine (Sokoloff, 1999). Les auteurs de ces critiques, tels que Jane Jacobs, William H. Whyte et Jan Gehl, affirment que la ville devrait plutôt répondre à une logique basée sur les besoins humains et que son architecture (ou design) doit permettre l’interaction sociale (Gehl & Svarre, 2013). Ainsi, depuis une cinquantaine d’années, de nombreux chercheurs questionnent la place de l’humain dans la ville et le rôle que joue l’espace public dans celle-ci. De nombreux concepts ont émergé de cette réflexion, dont celui du placemaking.

 

Ce concept connait actuellement un succès à l’échelle planétaire. Le placemaking serait décrit comme « la création, la rénovation, et l’entretien de l’espace public tangible par les citoyens à travers l’intégration de la connaissance d’experts jouxtés à la connaissance locale du lieu » (Schneekloth and Shibley, 1995) (Hirt & Zahm, 2012). Fortement mis de l’avant par l’organisation Project for Public Space (PPS), le concept apparait actuellement comme un incontournable dans le développement social des villes. Sa mise en œuvre s’inspire fortement des idées proposées par Jacobs et Whyte, soit que « cities have the capability of providing something for everybody, only because, and only when, they are created by everybody » (Jacobs, 1961) et que le placemaking serait « an ordinary but fundamental human activity that sustains communities ». En effet, selon Fred Kent, fondateur de PPS, la réappropriation de l’espace public sous forme de places serait le meilleur moyen citoyen pour prendre part au processus décisionnel et pour affirmer l’identité et la fierté des habitants (Kent, 2013). Bien que PPS soit un des acteurs les plus proéminents du mouvement placemaking, ce dernier est de plus en plus repris par d’autres groupes et par les institutions politiques (Freestone & Liu, 2016).

 

Effectivement, maintenant connus du grand public, ces concepts ont une portée considérable et sont fréquemment rapportés dans la littérature scientifique. Cette notoriété (ou popularité) de l’espace public et des notions de public life et placemaking se véhiculent à travers les publications sous le paradigme des villes à échelle humaine. Ce modèle de pensée dominant et l’intérêt des dirigeants à son égard entrainent même une compétition entre les villes à savoir laquelle est la plus conviviale (livable) (Gehl & Svarre, 2013). Les critères soft de la ville sont fortement valorisés et les municipalités intègrent davantage ces concepts au cadre politique de l’aménagement (Gehl & Svarre, 2013). Cependant, certains auteurs critiquent l’omniprésence des experts et de l’aspect design sur les projets placemaking, ceci allant à l’encontre de l’idée même du concept (Kent, 2013). De plus, certains critiquent la mondialisation du phénomène et l’effet d’homogénéité qui en découle (Freestone & Liu, 2016).

source : Modacity     

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