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Critique de l'investissement privé dans le Placemaking

 

Finance

Le projet Opportunity Detroit est le projet de réaménagement urbain financé par le privé le plus couteux de l’histoire des États-Unis d’Amérique (Seagal, 2013). En date du 15 août 2015, Dan Gilbert était propriétaire de 78 immeubles au centre-ville de Détroit (Gallagher, 2015).

Un projet de rénovation urbaine de l’envergure d’Opportunity Detroit n’aurait probablement jamais vu le jour sans la participation du secteur privé, considérant l’état des finances catastrophique de la ville de Détroit. La Ville est officiellement sortie de la faillite, mais sa situation financière demeure excessivement précaire.

Il ne faut cependant pas oublier que derrière les ambitions du projet de rénovation urbaine Opportunity Detroit se cache un objectif financier. Le projet n’est pas uniquement une opération de sauvetage, en effet, derrière les investissements massifs réalisés par les entreprises de Dan Gilbert se dessine des profits énormes en cas de réussite du projet (Seagal, 2013). Toutefois, les risques pris par Dan Gilbert via ses entreprises dans cette aventure sont également énormes. Comme plusieurs gens d’affaires, Dan Gilbert aurait pu décider d’abandonner la ville à son sort et déplacer ses entreprises vers des lieux où l’horizon était plus clément.

Plusieurs acteurs de Détroit reconnaissent toutefois que ce projet ne sera pas suffisant pour contrer la faiblesse de l’assiette fiscale de Détroit et les importantes difficultés financières que traverse la ville (Kusisto et Dolan, 2013).

 

Exclusion sociale

Des critiques émergent par rapport au projet d’Opportunity Detroit quant à la « renaissance » de Détroit. C’est-à-dire qu’elle favoriserait avant tout les entreprises du centre-ville et les professionnels qui y vivent. Certains groupes de résidents et certains quartiers de la ville se sentent exclus du processus et de la nouvelle activité économique qui se développe au centre-ville (Gallagher, 2015).

En effet, derrière les limites de ce corridor urbain se cachent plusieurs quartiers avec des taux de criminalité et de pauvreté élevés caractérisés par des décennies d’exode de la part des résidents et des commerçants. Certains acteurs croient donc que ce projet ne saura pas régler les problèmes intrinsèques de Détroit étant donné son point central sur un territoire relativement étroit au sein de la ville (Kusisto et Dolan, 2013). « Le succès de Gilbert dans l'animation du centre-ville de Detroit n'a fait que renforcer les plaintes que les quartiers durement touchés de la ville attendent encore leur propre renaissance (Gallagher, 2015) ».

Certains propriétaires d’entreprise de Détroit qui n’ont jamais quitté la ville malgré les crises et les difficultés économiques, se sentent négligés par rapport au « boom économique » qui semble émerger au centre-ville.

Certains décrient également les effets d’embourgeoisement associés au projet Opportunity Detroit. En effet, ce projet a amené au centre-ville une population plus jeune et caucasienne que le reste de la ville de détroit qui compte une vaste population afro-américaine. Le centre-ville se remplit peu à peu de milléniaux, dont une bonne part est employée par une entreprise de Gilbert. De cette homogénéisation de la population découle ce que certains qualifient d’embourgeoisement culturel (Gallagher, 2015).

 

Contrôle

La participation du privé dans l’espace public amène cependant un contrôle important de l’espace public. En effet, dans le but de rassurer de futurs investisseurs, Dan Gilbert via une de ses entreprises a fait installer 500 caméras de surveillance au centre-ville de Détroit (Gallagher, 2015). Un centre de surveillance installé au sein de la Chase Tower est responsable d’assurer la surveillance du centre-ville 24 heures sur 24 (Seagal, 2013). Le centre-ville est également patrouillé par des gardes de sécurité en véhicule et à pied pour assurer la sécurité des bâtiments sous la gouverne de Dan Gilbert (Gallagher, 2015).

Cette opération de sécurisation du centre-ville se chiffre dans les millions de dollars (Gallagher, 2015). Paradoxalement, avant l’installation des caméras de surveillance, il s’agissait tout de même d’un des quartiers les plus sécuritaires de la ville de Détroit (Seagal, 2013). Toutefois, John Mogk, un professeur de droit de longue date de l’université d’état de Wayne a affirmé que l’équipe de Gilbert était loin d’être la seule à disposer d’un système de sécurité privé à Détroit (Gallagher, 2015). Étant donné la mauvaise réputation de Détroit en terme de sécurité, il est légitime de se demander si Dan Gilbert avait le choix, dans l’optique où il souhaitait attirer des commerçants et des consommateurs. En effet, il était primordial d’attirer des consommateurs et des commerçants sur l’avenue Woodward pour la réussite du projet (Seagal, 2013).

source : Jon DeBoer     

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